À quelques jours du début du Mondial au Brésil, Les Remplaçants vous font revivre les moments insolites de la compétition. Cette fois-ci, retour sur les étranges péripéties du trophée Jules Rimet, remis au pays vainqueur de la compétition entre 1930 et 1970. Caché pendant la Seconde Guerre Mondiale, il a été ensuite volé en 1966 à Londres, avant d’être retrouvé par un chien au bord de la Tamise.
Convoité par Hitler
Ottorino Barassi : le nom de cet homme vous est sûrement inconnu, et pourtant, ce dirigeant du football italien a sans doute sauvé la Coupe du Monde. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, il a caché chez lui le trophée Jules Rimet pour empêcher les Nazis de s’en emparer. Lorsque la guerre éclate en 1939, l’Italie a remporté un an plus tôt sa deuxième Coupe du Monde en France. Le trophée Jules Rimet se trouve dans le coffre d’une banque à Rome où il doit rester jusqu’à la prochaine édition du tournoi. Créé par le sculpteur français Abel Lafleur, la Coupe du Monde représente Niké, la déesse grecque ailée de la victoire. Elle mesure 35 centimètres de hauteur et est confectionnée en argent massif plaqué or. Lorsque les troupes allemandes entrent en Italie, Adolf Hitler souhaite s’en emparer. La possession du trophée Jules Rimet, au même titre que le Saint-Graal, est le symbole d’une domination que le Führer tente de donner à son peuple.

De plus, Hilter n’a toujours pas digéré l’élimination prématurée de la sélection germanique contre la Suisse lors du dernier Mondial en 1938. Il charge alors la Gestapo et la SS de mettre la main sur le trophée. Mais c’est sans compter sur le malicieux Ottorino Barassi, qui, sentant le vent venir, décide de mettre la Coupe à l’abri. Après avoir retiré l’objet de la banque, il le ramène à son domicile et le cache des regards indiscrets. Lorsque les Allemands débarquent chez lui, il fait mine de ne pas comprendre la raison de leur venue, et affirme que le trophée Jules Rimet a été déplacé ailleurs dans le pays. La maison est fouillée de fond en comble mais la coupe reste introuvable. Les hommes d’Hitler rentrent bredouille, Ottorino Barassi peut souffler un bon coup: le trophée était caché sous son lit dans une boîte à chaussures…
Retrouvé par un chien

En 1966, la Coupe du Monde doit avoir lieu en Angleterre. A quelques mois du début de la compétition, le trophée Jules Rimet est exposé lors d’une grande manifestation de philatélistes à Londres, au Westminster Central Hall. Mais au cours d’une matinée, peu avant midi, la Coupe est dérobée. L’auteur du vol a forcé la vitrine dans laquelle se tenait l’objet et s’est échappé par une porte à l’arrière du bâtiment. Scotland Yard se charge alors de l’enquête. Alors que la Fédération anglaise commande une réplique du Trophée chez un orfèvre, son président reçoit un coup de fil d’un certain « Jackson ». Ce dernier déclare avoir la Coupe en sa possession, et ne la rendra qu’en l’échange d’une rançon de 15 000 livres sterling. Un rendez-vous pour l’échange est organisé et l’inspecteur Buggy, qui dirige les opérations, se rend sur place. Sa valise est remplie de fausses coupures recouvertes sur le dessus par une mince couche de billets authentiques. Jackson s’empare de la valise sans remarquer le leurre, mais il confie ne pas avoir le trophée sur lui. « Il faut prendre la voiture » explique-t-il. Alors que les deux hommes se suivent, Jackson tente de semer le policier dans les rues de la capitale anglaise. En vain. Il est rattrapé, menotté, et embarqué au commissariat de Kennington. Sur place, l’individu révèle sa véritable identité : il se nomme Edward Betchley, et est connu des services de police pour des faits de délinquance. Durant son interrogatoire, il nie posséder le trophée Jules Rimet, et affirme avoir agi pour le compte d’un commanditaire. Le trophée, lui, est retrouvé une semaine après le vol près de la Tamise, grâce à Pickles, un jeune chien âgé de 4 ans. Pendant que son maître, David Corbett, passait un coup de fil dans une cabine téléphonique, le toutou a flairé près d’un buisson un paquet emballé dans du papier journal. A l’intérieur, le trophée Jules Rimet était intact. Pickles est devenu un héros national et son maître touchera une récompense de 6 000 livres. Ils assisteront tous les deux à la finale entre l’Angleterre et l’Allemagne de l’Ouest dans un stade de Wembley en pleine ébullition.
Disparu à tout jamais au Brésil

Avec la troisième victoire en 1970 du Brésil en Coupe du Monde, le trophée Jules Rimet devient la propriété permanente du pays. La nouvelle Coupe, dessinée par l’italien Silvio Gazzaniga, fait son apparition lors du Mondial en Allemagne, en 1974. Alors que le trophée Jules Rimet est exposé au siège de la fédération brésilienne de football à Rio, ce dernier est une nouvelle fois dérobé en 1983. Quatre hommes issus des favellas de la ville sont arrêtés par la police, mais il est déjà trop tard: le trophée a disparu l’éternité, sans doute fondu peu de temps après son vol. Aujourd’hui, il ne reste que la réplique confectionnée par l’orfèvre anglais en 1966…
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