À l’âge où certains glissent doucement vers la retraite dans des championnats de seconde zone, Dirk Kuyt s’offre lui une deuxième jeunesse prolifique aux Pays-Bas. À 35 ans il est le meilleur buteur d’Eredivisie sous le maillot de son club de toujours, le Feyenoord Rotterdam.
Ce 18 octobre 2015, le destin a décidé de faire un clin d’œil à Dirk Kuyt. Artisan principal du succès des siens sur la pelouse d’Heerenven (2-5) avec un triplé, le natif de Katwijk a vu son total de buts inscrits en Eredivise atteindre les 128. Le chiffre est symbolique puisque c’est autant qu’un certain Marco Van Basten. En rejoignant la légende du football batave, qu’on le veuille ou non Kuyt s’est fait une place parmi les grands Oranje des dernières décennies. Costaud quand on sait que le bonhomme a vu le jour sur une terre qui a fait éclore des artistes aux pieds d’or comme Cruijff, Bergkamp ou Van Persie. Loin de ces standards de velours, Kuyt donne plutôt dans l’acharnement, les dribbles accrocheurs et le dévouement total, un profil idéal pour évoluer sous le maillot rouge et blanc des ouvriers de Rotterdam.
Taillé pour les cols bleus
Les premières images de Dirk Kuyt avec la liquette du Feyenoord sur les épaules ne datent pas d’aujourd’hui. En 2003, alors que John Terry et Xabi Alonso débutent en équipe nationale, un hollandais prometteur de 23 ans débarque à Rotterdam en provenance d’Utrecht où il vient de marcher sur l’Eredivisie, avec dans ses bagages 20 buts et le titre de joueur de la saison. Dirk Kuyt a alors la lourde tâche de succéder à un certain Pierre van Hooijdonk dans le cœur des fans du stade De Kuip. Le moins que l’on puisse dire c’est que le joueur formé aux Quick Boys, petit club situé à 40 km de Rotterdam, a parfaitement réussi sa mission. En trois saisons sous les couleurs blanches et rouges, il inscrit 87 buts, ajoute sur sa cheminée un nouveau titre de meilleur joueur du championnat en 2006 et découvre la sélection Oranje. Mais malgré ses performances XXL et entouré de gars comme Salomon Kalou, Van Persie, Pardo ou Ono, Dirk Kuyt ne soulèvera pas le bouclier de Kampioen van Nederland, c’est pour ça qu’il a promis de revenir au Feyenoord le jour de son départ à Liverpool en 2006. En ralliant la ville industrielle du nord de l’Angleterre, Kuyt choisit un contexte parfaitement en phase avec son image de joueur dur au mal totalement dévoué à l’équipe. Un profil qui séduira les exigeants supporters scousers ainsi que le peuple jaune et bleu de Fenerbahçe, club de la classe ouvrière d’Istanbul.
De retour pour le titre ?
Dirk Kuyt a fait subir deux belles déceptions aux fans du Feyenoord Rotterdam. La première en 2006 quand il annonçait quitter le navire hollandais pour Liverpool et la deuxième en 2012 quand il préférait s’engager avec le Fenerbahçe plutôt que de revenir au stade De Kuip. Mais le 10 avril 2015, l’homme aux bouclettes va faire des milliers d’heureux, dont quatre petits blondinets, en annonçant son retour au sein du club qui l’a révélé.
Présenté devant plus de 50 000 personnes et débarqué comme une rockstar dans un hélicoptère rouge et blanc, Dirk Kuyt annonce d’entrée la couleur “Je crois en cette équipe et je pense vraiment que nous pouvons réaliser quelque chose.” Ce quelque chose, c’est aller chercher le titre de champion qui fuit Rotterdam depuis 1999. Kuyt est en mission et son début de saison pied au plancher (10 buts, 1 passe décisive) a entraîné toute son équipe dans son sillage. Calé en troisième place à trois petits points de l’Ajax, le Feyenoord peut rêver tout haut.
Cette aptitude à motiver les joueurs qui l’entourent, beaucoup estiment qu’elle aura pu sauver les Pays-Bas du naufrage dans lequel l’équipe nationale s’est embarquée lors des qualifications pour l’Euro 2016. Dirk Kuyt qui a terminé sa Coupe du Monde au Brésil sur le flanc droit de la défense, il n’était pas question de prendre sa retraite, mais le Guus Hiddink a clairement indiqué vouloir se passer de ses services. “Je voulais être important pour l’équipe nationale, mais le coach m’a expliqué qu’il ne peut plus me proposer le rôle que je souhaitais”. Tant pis pour les artistes et tant mieux pour les ouvriers.