À Naples, Kalidou Koulibaly semble vivre une véritable histoire d’amour avec le club et la ville. Le défenseur sénégalais termine sa huitième saison sous la tunique napolitaine et s’est imposé comme un véritable leader et exemple sur les terrains (et en dehors). Un joueur pour qui les jours n’ont pas été toujours tout beaux tout roses dans la Botte. Mais plus que jamais, Naples, c’est Koulibaly, l’Italie, c’est Koulibaly.
À l’été 2014 et après une grosse saison en Belgique avec les couleurs de Genk, Koulibaly attire les convoitises dont celle d’un certain Rafael Benitez. Alors l’entraîneur du Napoli, le tacticien espagnol décide de contacter par téléphone le jeune défenseur franco-sénégalais. Ce dernier revient sur cette anecdote amusante à France Football en 2016: «Je lui ai raccroché deux ou trois fois au nez. Je n’y croyais pas, je pensais que c’était un ami qui me faisait une blague… Puis finalement, c’était vrai. Son coup de fil, ça a été un déclic. Mon transfert devait se faire durant l’hiver, ça a capoté, mais il ne m’a pas lâché. Six mois plus tard, il est revenu à la charge. C’était un signe fort». Kalidou Koulibaly quitte donc la Belgique et prend la direction du Vésuve pour 8 millions d’euros. Avec Aurelio De Laurentiis, le club nourrit de belles ambitions. Le président napolitain va donc sortir le gros chéquier sur le marché des transferts: Higuain (39 millions d’euros), Raul Albiol (13 millions d’euros), José Callejon (9,5 millions d’euros) et Dries Mertens (9,4 millions d’euros) lors du mercato estival 2013. Suivi de Jorginho (9,5 millions d’euros) à l’hiver 2014 et Kalidou Koulibaly à l’été 2014.

Sous la houlette de Rafael Benitez, les Napolitains deviennent rapidement les principaux rivaux de la Juve en Serie A. Ils sont les seuls à véritablement pouvoir rivaliser avec les Bianconeri. Alors âgé de 24 ans, Kalidou Koulibaly va répondre aux exigences et s’imposer comme un titulaire indiscutable. Les saisons passent, l’effectif se renouvelle, les entraîneurs changent, mais le défenseur sénégalais reste la tour de contrôle dans la défense napolitaine. Que ce soit sous les ordres de Benitez, Sarri, Ancelotti, Gattuso et maintenant Spalletti, le numéro 26 répond aux attentes et a la confiance de ces tacticiens. Une régularité au top niveau impressionnante.
Taille patron
Défenseur athlétique, rapide et solide dans les duels lui permettant de lutter contre tous les profils d’attaquants, le natif de Saint-Dié-des-Vosges dispose aussi d’une grande intelligence et analyse du jeu, ainsi qu’une forte maturité et sérénité. Des points sur lesquels il a énormément progressé depuis son arrivée en Italie. Un défenseur complet et serein lui permettant de rivaliser face à n’importe quel attaquant. Mbappe, Ronaldo, Totti, Salah, Lautaro Martinez, Ibrahimovic: des attaquants/adversaires aux qualités différentes, mais dont Koulibaly est parvenu à faire face sans frémir.
Désormais sous les ordres de Luciano Spalletti et après quelques saisons difficiles, le Napoli est de retour au premier plan en Serie A. Les Partenopei sont dans la course au Scudetto, un titre tant attendu par les tifosi et le club. En concurrence avec les deux clubs de Milan, le Napoli ne baisse pas les bras et se trouve toujours 3e au classement, à égalité de points avec le second l’Inter Milan, et seulement deux petites longueurs de retard sur le leader l’AC Milan. Performant et régulier sur les terrains, Kalidou Koulibaly s’impose comme un élément indispensable de ce Napoli. Preuve en est, juste avant la défaite contre la Fiorentina (3-2) le week-end dernier, le Napoli était tout simplement la meilleure défense de ce championnat.
Néanmoins, un petit couac vient freiner l’élan de Koulibaly : les blessures. Celles-ci sont beaucoup plus récurrentes pour le défenseur napolitain depuis quelques saisons (31 matches manqués pour blessure depuis 2020). Cette saison, en plus des pépins physiques, Kalidou Koulibaly s’est aussi absenté pendant six matches puisqu’il disputait la Coupe d’Afrique des Nations avec son pays, le Sénégal. Et son absence se fait très clairement ressentir au niveau des résultats obtenus. Avec Koulibaly, les Partenopei ont un pourcentage de victoires de 71% (en Serie A). Un pourcentage qui chute à 60% dès que le défenseur sénégalais est absent (dont 30% de défaites).
Amour éternel ?
Comme évoqué précédemment, Kalidou Koulibaly a toujours clamé son amour pour le club et la ville de Naples. Une relation qui dépasse le rectangle vert. Courtisé par les plus grandes écuries européennes, Koulibaly a toujours refusé les propositions et a toujours exprimé son désir de ramener un Scudetto aux pieds du Vésuve. Depuis son arrivée en 2014, il n’a remporté «seulement» qu’une Coppa Italia et une Supercoppa. Le rêve du Scudetto reste dans un coin de la tête de l’international Sénégalais et pourrait peser dans la balance de son avenir en Campanie. Sous contrat jusqu’en juin 2023, les discussions entre les deux parties pour une éventuelle prolongation sont sur la bonne voie. Aurelio De Laurentiis souhaite prolonger son numéro 26 jusqu’en 2025, assorti d’une hausse de salaire à 6,5 millions d’euros par an. Reste à savoir quelle sont les ambitions du Napoli ? Prolonger pour le vendre plus cher ou bien miser sur lui à l’avenir? Aux dernières nouvelles, c’est bien le deuxième scénario qui se dessine.
Adulé à Naples et devenu une véritable bandiera, Kalidou Koulibaly se sent extrêmement bien en Campanie comme il l’expliquait lui-même à L’Équipe en 2019: «À Naples, on m’a très bien accueilli, ma famille et mes amis s’y sentent bien. Ici, tous les vendeurs ambulants sénégalais se font appeler Koulibaly, ils sont vraiment acceptés. Il n’y a aucun problème de racisme à Naples». De plus, avec le départ d’Insigne cet été pour Toronto, qui d’autre que le Champion d’Afrique 2022 pour prendre le brassard de ce Napoli et s’imposer comme le leader. Le président Aurelio De Laurentiis souhaite bâtir un projet en misant sur la jeunesse et des profils comme Koulibaly sonne comme indispensable pour encadrer cette fougue.
En février 2016, lors d’un déplacement sur la pelouse de la Lazio, Koulibaly reçoit des cris de singes de la part de «supporters» romains. Une semaine après, lors de la réception de Carpi, les tifosi napolitains arborent des portraits de l’international Sénégalais pour le soutenir dans cette épreuve. Indéniablement, les Napolitains ont toujours montré leur soutien envers leur défenseur sénégalais. D’autant plus que Naples est une ville du sud de l’Italie qui subit très régulièrement du racisme de la part de certains tifosi du Nord de la Botte. La souffrance de Koulibaly est donc beaucoup mieux comprise par les Napolitains que par nuls autres italiens.
Le match d’une vie
«Quitter l’Italie, ce serait leur donner raison». Tels sont les propos de Kalidou Koulibaly après les incidents racistes qu’ils avaient subis en décembre 2018 lors d’un déplacement à San Siro pour y affronter l’Inter. Un match durant lequel le défenseur sénégalais va subir des cris de singe, avant d’être expulsé à dix minutes de la fin du match. L’énième goutte d’eau qui fait déborder l’énième vase. Quelques semaines après ces incidents, pour le journal L’Équipe, il revenait dessus: «J’avais honte, j’avais même l’impression que je n’étais pas à ma place, que je ne faisais pas partie de ce monde (…) avec le recul, je me dis le contraire : ce sont eux qui auraient dû avoir honte et c’est à nous de montrer et d’affirmer que notre place est sur le terrain. Ces abrutis ne feraient jamais ces cris en face de moi».

Un problème qui ne semble pas s’arrêter face aux inactions les plus totales des autorités sportives et judiciaires. Preuve en est, un énième épisode de racisme s’est déroulé il y a quelques semaines à l’encontre du numéro 26 napolitain. Alors que le Napoli se déplaçait sur la pelouse de l’Atalanta, les hommes de Spalletti réalisent un match sérieux et s’imposent logiquement 3-1. Une fin de match houleuse et les tifosi bergamasques se montrent agités et mécontents. Un homme va dépasser les limites et lâche un «n**** de merde» en direction de Koulibaly. Une enquête a été menée et ont permis d’identifier l’homme auteur de ces paroles racistes.
Des incidents qui se montrent (trop) récurrents et il est nécessaire de mettre en avant le sang-froid de Kalidou Koulibaly. De nombreux joueurs auraient littéralement craqué à sa place. Mais pour l’ancien joueur de Genk, ce n’est pas à lui et aux autres joueurs noirs d’endosser le costume de victime: «Quitter le football italien (ndlr: réaction aux propos de Demba Ba qui demandait aux joueurs noirs de quitter le championnat italien), ce serait leur donner raison. Ce sont eux qui doivent partir. Nous devons rester et montrer qu’on sera toujours présents, et cela, avec l’aide de la Fédération et d’autres organismes».
Au-delà de ses prestations qui ne cessent d’être impressionnantes, Kalidou Koulibaly fait dont aussi très souvent la une des journaux transalpins et mondiaux pour les actes racistes qu’il subit. L’international Sénégalais s’est toujours montré fort et courageux face à ce fléau et essaye d’y lutter à son humble niveau: «Je ne veux pas être politicien (…) je veux simplement lutter contre les discriminations dans la vie de tous les jours et dans le football. C’est un sport très suivi et ce qui s’y fera aura des répercussions dans la vie quotidienne ».