Double Capocannoniere en Serie B puis en Serie A, Ciro Immobile n’aura jamais mieux réussi que sur ses terres natales. Après un début de carrière tonitruant, il s’est complètement perdu pendant deux saisons loin de la Botte. Depuis son retour en Italie et sa signature à la Lazio de Rome, il est (re) devenu l’un des meilleurs attaquants azzuri. Et si c’était vraiment l’année d’Immobile ?
Italiano vero
Qui donnait cher de la peau de Ciro Immobile fin janvier 2016 alors que l’attaquant italien venait d’enchaîner deux expériences foireuses hors des frontières de la Botte ? Débarqué 18 mois plus tôt au Borussia Dortmund en provenance du Torino, il s’est perdu une première fois dans la Ruhr, avant d’aller s’échouer quelques temps plus tard en Andalousie sous les couleurs du FC Séville. Deux saisons blanches, d’errance, de bouts de matchs, de mal du pays, de critiques, conclues par 5 petits buts en championnat. Des chiffres faméliques et indécents quand on connait les qualités de buteur du bonhomme. Le constat est simple, Immobile est un buteur italien qui ne réussira qu’en Italie.

Natif de la région de Naples, Immobile s’est fait repérer par Ciro Ferrara, alors qu’il évoluait sous les couleurs des U17 de Sorrento avec lesquels il plante 30 buts. Direction donc le nord de l’Italie, Turin, sa grisaille et ses usines. Dans un premier temps, les rayures blanches et noires de la Juventus lui vont à merveille : des débuts tonitruants avec la Primavera et rapidement des apparitions avec le groupe professionnel en Serie A face à Bologne et en Ligue des Champions face à Bordeaux, à chaque fois en remplaçant il mister Alessandro Del Piero. Mais en 2009, le secteur offensif de la la Vieille Dame est exigeant, et il est difficile pour le gamin de Torre Annunziata de se faire une place au soleil parmi les Del Piero, Trézéguet, Iaquinta, Amauri et autres Giovinco. Alors comme tout bon élément prometteur d’un grand club italien, Ciro Immobile va voir du pays en se baladant du côté de la Serie B : Sienne, Grossetto et évidemment Pescara. Dans les Abruzzes, sous les ordres de l’ultra offensif Zdenek Zeman, aux côtés de Marco Verratti et Lorenzo Insigne, il termine meilleur buteur du championnat avec 28 buts. Insuffisant aux yeux des dirigeants bianconeri qui cèdent, sous forme de co-propriété et pour 4M€, la moitié d’Immobile au Genoa.
Chez les Grifoni, Immobile croque enfin à pleines dents dans la Serie A et même si son équipe se bat pour ne pas descendre, il inscrit 5 buts et montre de belles dispositions qui amènent le Torino à miser pas loin de 11M€ pour racheter la part du Genoa auprès de la Juventus. Dans l’autre club de la ville, chez les ouvriers, les pauvres, les immigrés, la classe moyenne, évidemment que le napolitain explose. A tel point qu’il termine Capocannoniere de Serie Aavec la bagatelle de 22 buts, devant Luca Toni, Carlos Tévez, Antonio di Natale et autres Gonzalo Higuian. En juin 2014, à 24 ans, alors qu’il s’envole disputer la Coupe du Monde au Brésil avec le groupe de Cesare Prandelli, Ciro Immobile est la plus belle promesse offensive du Calcio. Pourtant, le seul intérêt que la Juventus de Turin, équipe à laquelle il appartient toujours, trouvera à l’éclosion d’Immobile, c’est de pouvoir se servir de sa vente comme d’un simple apport financier à la venue d’Alvaro Morata en terre piémontaise.
One season wonder ?
Direction donc le Borussia Dortmund, la Bundesliga et son football feu d’artifice, pour plus de 19M€. A l’instar de Luca Toni, un autre Capocannoniere avant lui, Ciro Immobile se verrait bien devenir Torschützenkönig. Mais contrairement à son compatriote qui avait mis le Bayern à ses pieds, pour le napolitain malheureusement la greffe ne prendra jamais.

En faillite collective, le BVB termine la saison à la 7ème place, 33 points derrière le champion munichois. Mis rapidement de côté par le replacement dans l’axe de Pierre-Emerick Aubameyang, Ciro Immobile traverse la saison comme un fantôme. En Bundesliga sa feuille de route indique 23 matchs, dont seulement 9 titularisations pour 3 pauvres buts. Traînant son spleen et son mal du pays, Immobile ne le reste pas longtemps dans le pays de Goethe et file en Espagne au FC Séville après seulement une saison chez les Marsupiaux. Barré par Fernando Llorente et Kévin Gameiro, pour Ciro Immobile l’aventure andalouse n’est guère plus fructueuse. Auteur de 4 buts en 15 matchs, il quitte déjà la Liga, en janvier, au bout de 4 mois pour finir la saison sous le maillot du… Torino. Et en Italie, devinez quoi ? C’est le retour du San Ciro show.
Rome, mon amour
Redevenu ouvrier turinois en plein cœur du mois de janvier 2016, Ciro Immobile retrouve subitement ses capacités. Comme si loin de l’Italie, sa jauge d’oxygène diminuait lentement au point de s’asphyxier. Auteur de 5 buts en 4 mois, soit autant qu’en une saison et demie avec les liquettes de Dortmund et de Séville, Ciro d’Italia respire à plein poumons et accroche in extremis le wagon de l’Euro 2016. Dans la foulée, il prend une décision inspirée pour sa carrière qui le mène à Rome. Convaincu par le projet de la Lazio et surtout réclamé ostensiblement par le mister Simone Inzaghi, Ciro Immobile est allé là où on lui a fait confiance.

Le doute, tellement présent dans son esprit depuis ses mésaventures en Allemagne et en Espagne, n’aura pas eu le temps de s’installer, Immobile fait trembler les filets dès sa première rencontre officielle avec les Biancocelesti. Pour la première fois depuis son exceptionnelle saison 2013/2014, le bomber laziale va retrouver sa régularité. Il forme tout au long de la saison un duo infernal avec Keita Baldé et bouclera la saison avec 26 réalisations en 41 rencontres disputées. Alors que la Nazionale est en plein renouveau, sa relation privilégiée avec le nouveau sélectionneur, Giampiero Ventura, qu’il a côtoyé au Torino, l’amène souvent à débuter en pointe aux côtés de l’autre sensation du Calcio, Andrea Belotti. Auteur de 6 buts en 8 rencontres d’éliminatoires à la Coupe du Monde, Immobile est devenu en l’espace d’une saison la valeur sûre des Azzuri.
Porté par l’adoubement conjugué d’Inzaghi et de Ventura, Immobile, qui fêtera ses 28 ans en février prochain, a privilégié la stabilité en restant à la Lazio cette saison. A un an de la Coupe du Monde, il aurait été irresponsable de tenter l’aventure ailleurs. S’il a perdu son gars sûr, Baldé Keita ayant mis les voiles du côté de Monaco, San Ciro reste le finisseur d’un effectif qui a peu bougé. Joueuse et ambitieuse, la squadra d’Inzaghi est une formation sur laquelle il faudra compter très sérieusement cette saison. Avec un doublé en SuperCoppa face à la Juventus, tiens tiens, et dans une autre mesure, son triplé meurtrier face au Milan AC quelques semaines plus tard est une véritable alerte envoyée à toute la Serie A. Auteur de 13 buts en 12 rencontres depuis août, Ciro Immobile n’a plus de temps à perdre. La Nazionale et la Lazio non plus.