Ils venaient d’avoir 18 ans, ils étaient anonymes mais ils ont écrasé avec la manière l’un des meilleurs clubs du continent africain. Eux, ce sont les petits Académiciens de l’ASEC Mimosas.
En 1998, l’ASEC Mimosas remporte la première Ligue des Champions de la Confédération Africaine de Football de son histoire face au Dynamos FC de Harare (Zimbabwe). Devenue grande d’Afrique, l’ASEC se voit logiquement dépouiller de ses meilleurs éléments : les Tchiressoua Guel, Badra Siby et autres Sié Donald s’envolent pour l’Europe et cèdent ainsi leur place sur le pré à la première promotion des « Académiciens ». Issus de l’Académie MimoSifcom, créée en 1994 par Jean-Marc Guillou, ils posent pour la première fois leurs crampons sur une pelouse professionnelle à 17, 18 ou 19 ans pour les plus anciens d’entre eux. Appelés à défendre les couleurs des grands de l’ASEC Mimosas lors de la Super Coupe d’Afrique face au géant tunisien de l’Espérance de Tunis, les « Académiciens » ne se voient accorder aucune chance de gagner par les spécialistes ni même par leurs propres supporters, déjà déçus de la tournure du carnage qu’ils voient venir. Les tunisois se présentent au grand complet avec leurs internationaux expérimentés comme Chokri El-Ouaer, Khaled Badra, Radhi Jaïdi ou encore Sirajeddine Chihi pour ne citer qu’eux.
Ce dimanche 7 février 1999, les 20 000 spectateurs du stade Houphouët-Boigny d’Abidjan assistent, comme prévu, à une véritable démonstration… mais de la part des très jeunes Mimos qui étrillent l’Espérance (3-1). Trop rapides, trop motivés, trop de mouvements, les Académiciens récitent à merveille les leçons qu’ils ont longuement appris depuis l’enfance, pieds nus, sous les ordres de Jean-Marc Guillou. Cette génération jaune et noire magique présente comme têtes de gondole des gamins anonymes destinés à devenir grands : Kolo Touré (18 ans), Barry Copa (20 ans), Aruna Dindane (19 ans), Didier Zokora (19 ans), Gilles Yapi-Yapo (17 ans) ou Siaka Tiéné (17 ans) font partie des coupables qui ont dansé sur la tête de l’Espérance de Tunis.

Ces noms auxquels s’ajoutent quelques mois plus tard des joueurs comme Emmanuel Eboué, Arthur Boka, Yaya Touré, Romaric, Bakari Koné voire Salomon Kalou. Pendant 2 saisons, tout ce beau petit monde marche sur le championnat ivoirien, puis cède rapidement aux sirènes des championnats européens. Véritable modèle d’académie en Afrique, la structure d’Abidjan cornaquée par Jean-Marc Guillou a récolté plusieurs fruits de fierté : hormis le fait que ces enfants ont porté les maillots les plus prestigieux du Vieux-Continent, d’Arsenal à Barcelone, ils sont 11 Académiciens à participer à la Coupe du Monde 2006 avec la Côte d’Ivoire et ils étaient 7 titulaires lors de la victoire des Éléphants pour la Coupe d’Afrique des Nations en 2015. Académie Royale.