Carlos Tevez, Robben ou encore Robinho étaient des superstars virtuelles bien avant d’exploser dans la vraie vie. Tout cela grâce à Football Manager, l’un des meilleurs jeu de gestion sportive de ces vingt dernières années. Entre conférences de presse, consignes tactiques, scouting et panthéon du football, de façon édifiante, le jeu colle comme jamais à la réalité du monde du ballon rond. Mais une drôle d’histoire à bien failli lui faire perdre toute crédibilité… Cette fable, c’est celle de To Madeira, le joueur qui n’existait pas.
Bien avant que la série des Football Manager n’envahisse les écrans de millions de passionnés,
un autre jeu empêchait les gamers d’avoir une vie sociale : Championship Manager. FM n’est en fait que la suite de CM avec les mêmes concepteurs mais un changement au niveau de l’éditeur où Eidos a passé la main à Sega.
Un joli collier de perles
À chaque nouvelle mouture du jeu, les coachs virtuels s’évertuent à trouver ce qu’on appelle dans le
jargon : des perles. Généralement des jeunes joueurs méconnus et/ou très peu chers qui deviennent en quelques saisons de véritables stars, en virtuel précisons-le. La liste des joueurs que le jeu a révélé avant qu’ils se présentent au grand public, est aussi longue que celle des joueurs qui ne sont restés que des monstres de pixels. Aux Mascherano, Kakà, Hleb, Kompany, Guarin, Obi Mikel ou autres Falcao qui ont confirmé leurs prédispositions, s’opposent les Tsigalko, Mokoena, Aaritalo, Yahiaoui, Cardenas ou encore Roncatto qui eux n’ont mené que des carrières insipides et anonymes dans la vraie vie.
Malgré tout, le succès de Football Manager est tel, que plusieurs clubs l’ont déjà utilisé comme un outil de recrutement. Avec des scouts, pour la plupart bénévoles, qui travaillent par passion et à temps plein toute l’année aux quatre coins du globe, FM possède une base de données enviée de plus de 500 000 joueurs répartis dans 20 000 clubs. Une véritable aubaine pour certains clubs comme Everton qui s’est notamment associé au jeu pour pouvoir bénéficier d’informations exclusives concernant les données de certains joueurs et a ainsi pu chiper Marouane Fellaini avant que les gros clubs se penchent dessus. Le défenseur niçois Pejcinovic aurait été recruté grâce à ses bonnes appréciations sur FM et plus fou encore l’histoire de cet Azéri de 21 ans nommé manager général du FC Bakou en fin 2012. Son expérience ? Dix ans de Football Manager (entre autres).
Vous l’aurez donc compris, chaque édition recèle son lot de perles et la cuvée 2020 n’échappe pas à la règle. Le belge Marco Kana, le Batave Ryan Gravenberch ou le portugais Umaro Embaló font partie d’entres elles. L’avenir nous dira s’ils sont à ranger dans la catégorie des tops ou des flops de Football Manager.
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Miles Jacobson, président de sports interactive
L’édition 2001/2002 de Championship Manager nous a réservé une des meilleures pépites de l’histoire de la saga. Mais, ce joueur n’a ni explosé dans la vraie vie, ni échoué. Car oui, celui qui répond au nom de To Madeira, buteur Portugais hors pair, n’a jamais existé ailleurs que dans le jeu.
Cristiano Ronaldo qui ?
Le jeune To Madeira, 21 ans au début du jeu est LA perle à recruter. Étonnant pour un joueur qui végète à Gouveia en 3ème division Portugaise. Cet attaquant ultra efficace qui tourne généralement à 1,5 but par match… sur toute sa carrière. Et disponible pour quelques milliers d’euros ! Le phénomène est tel qu’il dépasse rapidement les frontières du jeu vidéo pour atterrir
sur le bureau de vrais clubs qui contactent Sports Interactive pour en savoir un peu plus sur ce Pelé des temps modernes. Les gars de Sports Interactive appellent alors à leur tour le scout portugais qui est en charge de l’évaluation des joueurs lusitaniens.

Trop gros pour être vrai, rapidement, la supercherie est révélée, le scout en question se rend compte que son assistant, Antonio Lopes, étudiant en ingénierie civile a inventé de toutes pièces ce prodige en pixel. En envoyant son travail le dernier jour du bouclage de l’édition 2001, il n’a pas pris le soin de vérifier l’exactitude des informations fournies par Lopes. Notons que ce dernier s’est tout de même inspiré d’un modèle : lui-même. Frustré de n’avoir jamais percé dans le football, il s’est vengé en créant son alter-égo virtuel. Il aura même poussé le vice jusqu’à créer d’autres joueurs fictifs dans l’effectif de Gouveia, un club où il a un temps évolué. Antonio Lopes, le petit tricheur s’est vite fait démasqué comme un voleur de bonbons et son mensonge n’aura pas duré longtemps. Viré par Sports Interactive, qui pense alors à sortir une nouvelle version du jeu sans To Madeira. Le mythe est tel, que finalement ils décident de laisser le joueur aux stats hallucinantes. To Madeira, le joueur qui aura fait autant trembler les développeur du jeu que les filets virtuels. Depuis, Sports Interactive a serré les boulons et aucun autre cas du même genre est à signaler. L’histoire est même racontée dans le livre « FootballManager Stole My Life »
Une question se pose : qui a donc créé Lionel Messi ?